Du vent dans les branches, Françoise Moret-Thiébaut

Exposition permanente à la Cime du 23 au 25 août.

Ouverture de l'exposition en présence de l'artiste
le 23 août à 18h30 

Bien que d’apparence abstraite, le travail de Françoise Moret Thiébaud contient l’intérêt de l’artiste pour tout ce qui touche concrètement à la nature. Cet intérêt transparait dans ses œuvres plastiques, par l’utilisation de matières organiques – graines, feuilles, brindilles, branches – qui une fois sélectionnées et parées deviennent des éléments d’installation. L’éphémère étant au centre du processus créatif de Françoise Moret Thiébaud, cette attention pour le monde mouvant de l’herbe n’a rien de fortuit. Elle est sans doute due à la fugitive existence des vivaces, à leurs impermanences et, paradoxalement, à leurs pérennités. Cette évocation du provisoire, l’artiste la matérialise dans ses œuvres plastiques en utilisant le produit de ses collectes végétales, qui une fois traitées et classées, entrent dans la création de légères sculptures portant en elles la précarité et la fragilité du monde vivant. Ainsi, sculptures et dessins nous livrent une évocation du périssable et du mouvant sous une forme à la fois intime, modeste et universelle.

Site internet de Françoise Moret-Thiébaut

 

Présentation de sa démarche par Françoise (Août 2024)

La démarche artistique que je vous présente se révèle délicate, modeste, intime et tout a fait universelle.

Durant de nombreuses années, j'ai donné beaucoup d’importance à la pensée pour l’élaboration de mes dessins et peintures, sans renier le ressenti. Donc, je pensais, visualisais, exécutais avec plus ou moins de bonheur des œuvres que j’ai exposées dans plusieurs galeries en Suisse romande.

Lors de mon retour en Valais, après 12 ans passés avec grand plaisir à Genève, je pensais continuer ma démarche artistique. Comme très sensible à mon environnement, j’ai subi des bouleversements intérieurs qui ont influencé mon travail.

En retrouvant la nature de ma jeunesse, je renouais avec les impressions que j'avais ressenties en lisant les œuvres de Corinna Bille, par exemple. Son rapport avec la nature m'était apparu à l’époque dépoussiéré et moderne. J'ai repris les promenades avec délice, en percevant le "sauvage" de ces lieux. J'adorais contempler mon jardin, sans trop de mysticisme. Le regarder pousser, se densifier, se colorer, s'éclaircir... Je ne me lassais pas d'admirer les droites qui s'élançaient vers le ciel, les courbes qui s'accentuaient sous le poids des fruits. Je m'étonnais de l'enchevêtrement des taillis, je suivais des yeux les volutes... J'appréciais les textures des feuilles, des plantes, l'évolution de leur solidité, ou de leur fragilité... Je cueillais les baies et les fleurs, je ramassais les cosses, les sépales, les herbes, les racines...

L'automne m’intéressait plus spécialement, avec ses incroyables couleurs. Je sélectionnais diverses feuilles pour leurs teintes, leurs patines, leur souplesse... Je les installais au mur de mon atelier, pour au fil des jours, les installer dans de drôles de chorégraphies... C'est à ce moment-là que le végétal est devenu "matériau“.

Les saisons suivantes, quand j'ai réalisé que je me levais avec l'envie d'aller vérifier si les vrilles des vignes ne se desséchaient pas trop, ou que je me suis mise à espérer un peu plus de soleil pour les roses et les clématites, ou encore à souhaiter que la sève ne se retire pas trop vite, afin de ne pas perdre les couleurs...

Quand j’ai réalisé, toutes ces préoccupations, ces espoirs, ces attentes envers ce monde végétal, j'ai compris que je m'étais laissée surprendre et emporter... De plus, en hiver, lors de mes promenades, j’ai été en contact avec la destruction par l'eau, le gel, la neige de ces feuilles ces fruits, ces coques si sublimes, mon regard sur la nature a changé. J'ai eu besoin de sauvegarder ! J'ai revisité le savoir paysan de mon père, il était agriculteur, pour à mon tour conserver ce produit de ma cueillette comme on garde le foin, le maïs, les légumes.

Une réponse dérisoire, à fleur de conscience, s’est manifestée: sauvegarder méthodiquement ces feuillages. J’ai posé sur ma table les feuilles fixées au mur. Je leur ai donné une forme qui les protège durablement de l’humus destructeur.