Le langage musical de Sylvie s'inspire à la fois de son profond engagement pour le modernisme du 20e siècle de compositeurs comme Messiaen et Ligeti et d'improvisateurs créatifs comme Cecil Taylor et Thelonious Monk. Son aisance à travailler à l'intérieur du piano avec des techniques et des préparations non invasives est inégalée et forme un contrepoint évocateur avec son toucher magistral sur le clavier. Bien sûr, ces aspects sont évidents dans son travail d'ensemble avec son trio acclamé depuis longtemps et sa récente collaboration en duo de piano - Le Sacre du printemps de Stravinsky et son Spectre d'un songe avec Cory Smythe. Mais c'est surtout dans son jeu en solo qu'ils sont le plus évidents. Elle parcourt avec fluidité son catalogue de compositions, qui ne cesse de s'étoffer, présentées à la fois dans leur intégralité et sous forme de fragments, et y ajoute des sections d'improvisation ouverte où tout peut se produire. Une beauté sombre et paisible et une violence saisissante peuvent se côtoyer de manière surprenante. En même temps, elle semble toujours tisser des éléments récurrents à travers ces incursions, liant des sections variées pour donner l'impression d'être "d'un seul tenant".
L'œuvre solo de Sylvie Courvoisier couvre une gamme d'expressions sonores à la fois vaste et personnelle. En témoigne le concert qu'elle a donné à Brême, en Allemagne, avant de se voir décerner le prix allemand de jazz 2022 dans la catégorie piano international.